• Liberté - Paul Éluard1942. La France est à l'heure allemande. L'Europe est sous la botte nazie.

    Paul Éluard est dans la Résistance.
    Ce poème sera traduit dans toutes les langues européennes et circulera sous le manteau, sur les ondes clandestines. Il sera parachuté sur les maquis et à la fin de la guerre tous les Résistants connaissent cet hymne à la Liberté.

    Alors qu'à ce jour une pétition internationale circule pour que Macron respecte le droit international sur la liberté d'expression, alors que nos libertés nous sont insidieusement confisquées depuis octobre 2017, que la liberté de la presse est menacée, ces vers devraient refleurir au grand jour !

    Qu'écrirait-il aujourd'hui ?

    Liberté - Paul Éluard t Fernand Léger

     

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  • J'aime quand tu te tais-P. NerudaPablo Neruda, un héro de mon adolescence avec son compatriote chilien Victor Jara.
    Je connaissais davantage l'homme politique alors. Je découvrirai le poète sur le tard, fait de la même glaise, brûlant du même feu.

    Difficile de faire un choix parmi les poèmes dédiés à l'amour de sa vie, Mathilde Urrutia, pour qui il écrivit La Centaine d'Amour, 20 poèmes d'amour et une chanson désespérée.

     

    Mathilde Urrutia et Pablo Neruda

     

    J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
    et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas.
    On dirait que tes yeux se sont envolés,
    et on dirait qu’un baiser t’a clos la bouche

    Comme toutes les choses sont remplies de mon âme,
    tu émerges des choses pleine de mon âme.
    Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
    et tu ressembles au mot : mélancolie.

    J’aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
    Et tu es comme plaintive, papillon que l’on berce.
    Et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas:
    laisse-moi me taire avec ton silence.

    Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
    clair comme une lampe, simple comme un anneau.
    Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
    Ton silence est d’étoile, si lointain et si simple.

    J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
    distante et dolente, comme si tu étais morte.
    Un mot alors, un sourire suffisent,
    et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.


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  • Photo de Félix NadarGérard de Nerval ou du génie à la folie.
    "Poète maudit" du XIXème siècle, il laisse une œuvre dense et diverse, de la nouvelle à l'odelette en passant par le pamphlet.

    Était-il visionnaire ?

    On ne peut s'empêcher de penser à l'incendie de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019...

    Extrait des Odelettes (1834)

     

    Photo Thomas Samson pour l'AFP

     

    Notre Dame de Paris

    Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
    Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
    Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
    Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
    Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
    Rongera tristement ses vieux os de rocher !

    Bien des hommes, de tous les pays de la terre
    Viendront, pour contempler cette ruine austère,
    Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
    — Alors ils croiront voir la vieille basilique,
    Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
    Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !

     

     

     


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  • Ma négritude d'Aimé CésaireFeindre de découvrir les problèmes raciaux, ici ou à Minneapolis, c'est nier une réalité qui remonte à la genèse du colonialisme, quand le nègre (comme la femme) n'avait  pas d'âme. Ce n'est pas parce qu'un jour on fit du mot nègre une insulte, le bannissant du vocabulaire, qu'on a banni le poison du racisme et de l'intolérance.
    Qui mieux que le grand Aimé Césaire pour en parler...

    Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
    ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
    ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel mais
    ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]

    ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre
    ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale

    elle plonge dans la chair rouge du sol
    elle plonge dans la chair ardente du ciel
    elle troue l'accablement opaque de sa droite patience.

    Eïa pour le Kaïlcédrat royal !
    Eïa pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
    pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
    pour ceux qui n'ont jamais rien dompté

    mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
    ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
    insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
    véritablement les fils aînés du monde
    poreux à tous les souffles du monde
    aire fraternelle de tous les souffles du monde
    lit sans drain de toutes les eaux du monde
    étincelle du feu sacré du monde
    chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
    Tiède petit matin de vertus ancestrales

    Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
    ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
    l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
    ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
    Eïa parfait cercle du monde et close concordance !

    Écoutez le monde blanc
    horriblement las de son effort immense
    ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
    ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
    Écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
    écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
    Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !

    Aimé CÉSAIRE, Cahier d'un retour au pays natal, 1947

     


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