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Par Pixelie25 le 2 Octobre 2020 à 22:10
1942. La France est à l'heure allemande. L'Europe est sous la botte nazie.
Paul Éluard est dans la Résistance.
Ce poème sera traduit dans toutes les langues européennes et circulera sous le manteau, sur les ondes clandestines. Il sera parachuté sur les maquis et à la fin de la guerre tous les Résistants connaissent cet hymne à la Liberté.Alors qu'à ce jour une pétition internationale circule pour que Macron respecte le droit international sur la liberté d'expression, alors que nos libertés nous sont insidieusement confisquées depuis octobre 2017, que la liberté de la presse est menacée, ces vers devraient refleurir au grand jour !
Qu'écrirait-il aujourd'hui ?
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Par Pixelie25 le 29 Juillet 2020 à 10:06
Pablo Neruda, un héro de mon adolescence avec son compatriote chilien Victor Jara.
Je connaissais davantage l'homme politique alors. Je découvrirai le poète sur le tard, fait de la même glaise, brûlant du même feu.Difficile de faire un choix parmi les poèmes dédiés à l'amour de sa vie, Mathilde Urrutia, pour qui il écrivit La Centaine d'Amour, 20 poèmes d'amour et une chanson désespérée.
J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu’un baiser t’a clos la boucheComme toutes les choses sont remplies de mon âme,
tu émerges des choses pleine de mon âme.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
et tu ressembles au mot : mélancolie.J’aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
Et tu es comme plaintive, papillon que l’on berce.
Et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas:
laisse-moi me taire avec ton silence.Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d’étoile, si lointain et si simple.J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
distante et dolente, comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent,
et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.
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Par Pixelie25 le 30 Juin 2020 à 12:15
Gérard de Nerval ou du génie à la folie.
"Poète maudit" du XIXème siècle, il laisse une œuvre dense et diverse, de la nouvelle à l'odelette en passant par le pamphlet.Était-il visionnaire ?
On ne peut s'empêcher de penser à l'incendie de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019...
Extrait des Odelettes (1834)
Notre Dame de Paris
Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !
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Par Pixelie25 le 3 Juin 2020 à 12:20
Feindre de découvrir les problèmes raciaux, ici ou à Minneapolis, c'est nier une réalité qui remonte à la genèse du colonialisme, quand le nègre (comme la femme) n'avait pas d'âme. Ce n'est pas parce qu'un jour on fit du mot nègre une insulte, le bannissant du vocabulaire, qu'on a banni le poison du racisme et de l'intolérance.
Qui mieux que le grand Aimé Césaire pour en parler...Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel mais
ceux sans qui la terre ne serait pas la terre [...]ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédraleelle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience.Eïa pour le Kaïlcédrat royal !
Eïa pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien domptémais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose
insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde
véritablement les fils aînés du monde
poreux à tous les souffles du monde
aire fraternelle de tous les souffles du monde
lit sans drain de toutes les eaux du monde
étincelle du feu sacré du monde
chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestralesSang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eïa parfait cercle du monde et close concordance !Écoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
Écoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !Aimé CÉSAIRE, Cahier d'un retour au pays natal, 1947
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