A l'heure où il semble de bon ton d'assaisonner le moindre discours d'anglicismes qui servent souvent les ignares à paraître savants aux yeux des manants que nous sommes, il est bon de rappeler que la Perfide Albion piocha allègrement dans le vocabulaire français, à l'heure où notre langue était celle des rois et des diplomates.

Ainsi du verbe flirter.

Le dictionnaire Le Littré (1879) ainsi que le dictionnaire de l'Académie française voient l'origine du mot flirt et du verbe flirter dans le verbe anglais to flirt qui signifie tantôt "jeter", "lancer" mais également "ouvrir et fermer d'un coup sec" (to flirt a fan : ouvrir ou fermer un éventail avec un bruit sec).

Mais certains linguistes, dont Bernard Cerquiglini, y voient un détournement du verbe français fleureter ou de l'expression "conter fleurette", la fleurette désignant à la fois une fleur qu'on effeuillait (telle la marguerite) et de petits compliments galants tournés élégamment pour charmer les belles.

Le flirt désigne tout à la fois l'opération de séduction, un tendre rapprochement sans conclusion sexuelle, ou encore une relation menée à terme mais éphémère.
Il est synonyme de badinage, de marivaudage et plus prosaïquement de drague.

Par extension, il désigne le rapprochement entre deux tendances, deux mouvements, deux idées qui se rapprochent sans se fondre en un tout.
Exemple : "Le flirt de certains de ses dirigeants avec des thèmes du néolibéralisme serait obligatoirement secoué." (L'action politique des mouvements sociaux d'aujourd'hui: le déclin du politique comme procès de politisation? de Serge Denis)